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Cette année j’ai bénéficié grâce à ma compagnie du dispositif AC EDUC me permettant d’intervenir dans 3 collèges du Département des Alpes Maritimes. Je ne savais pas que de devenir conteuse m’amènerai à travailler auprès des adolescents. Travailler auprès des jeunes dans une société complexe et tourmentée comme la notre est une grande opportunité.

De plus, c’est pour moi l’occasion d’extraire des contes étranges, merveilleux, sages tout ce qu’ils ont de meilleurs à transmettre. Aujourd’hui j’ai terminé le cycle d’ateliers aux Cadrans Solaires qui est une clinique où les élèves peuvent, cahin-caha, continuer leur scolarité. Mener des ateliers là-bas est une danse d’improvisation et cela me plaît. L’équipe éducative est remarquable et travaille dans un contexte complexe et sans visibilité du lendemain. Sur cette fin d’année la merveilleuse professeure-documentaliste à composé un groupe hétéroclite de 6 élèves de différents âges, car ils sont trop peu nombreux par niveau.

Le temps d’un atelier, j’ai eu le bonheur brut de les voir « éclore ». Celle qui n’arrivait pas même à me dire son prénom avait du mal, à la fin des 2h, à rendre la parole. Une autre, après avoir entendu le conte de la cruche fêlée a dit : « moi c’est pareil, je sert à rien», nous avons fait corps autour d’elle pour lui signifier que depuis le début de la séance, ces idées étaient drôles et géniales, que si elle avait pas été là, elle nous aurait manqué. Que, comme chacun de nous, elle était unique et irremplaçable… C’est la même jeune fille de 12 ans qui a demandé « pourquoi la guerre elle s’arrête pas ? »Elle avait commencé son conte en imaginant un héros dont le but est de manger de la soupe d’enfants…contre toute attente elle a choisi qu’il se termine bien.

Une autre avait vraiment envie de nous offrir son récit imaginé avant que ça sonne… Je découvre son aisance scénique, l’héroïne qu’elle a choisi, c’est elle-même et son but est d’aller dans les cliniques pour permettre aux enfants malades d’avoir enfin confiance en eux. Elle m’a éblouie ! Et puis dans cette séance, on a tellement ri, de ce rire qui guérit. Nous applaudissons ! Je leur verse une pluie de compliments et de remerciements pour la pertinence de leur travail, pour leurs idées géniales et pour ceux aussi qui ont simplement écouté car tant de personnes ne savent pas le faire.

Nous avons terminé eux et moi « l’année » comme cela. J’aime mon travail qui me permet, à ma façon, de soutenir les trésors vivants que sont les jeunes en essayant de leur faire voir qu’ils sont les héros de leur propre vie et qu’ils peuvent rêver haut.

Milao